Pour une Action Sociale Durable en Birmanie
Newsletter semestrielle de janvier 2025
Bonjour à toutes et à tous,
De retour de Birmanie, voici des nouvelles sur la situation humanitaire dans le pays (voir en fin de newsletter des rapports de l’ONU), sur ce qu’il s’y passe politiquement et sur l’activité de PASDB sur place. Les démarches pour le renouvellement de notre licence ONG ont été initiées lors de ma visite. Le processus pour aboutir à l’obtention finale de cette licence prendra du temps, les conditions exigées par l’administration militaire étant de plus en plus contraignantes. En effet, la junte au pouvoir a, depuis un an, considérablement verrouillé l’action des ONG locales et internationales, soit en faisant voter de nouvelles lois, soit par une violente répression. MSF par exemple, ne peut plus travailler sur la quasi-totalité du territoire birman. Les militaires ciblent particulièrement les médecins et affiliés tels que les humanitaires restés fidèles au mouvement de désobéissance civile, la plupart d’entre eux n’ayant d’autre choix que celui de continuer leurs missions dans le secret, au risque d’être abattus ou emprisonnés quand ils sont repérés ou dénoncés (voir lien 4). Situation humanitaire Depuis les débuts de notre engagement en faveur de ces populations les plus vulnérables, il y a 15 ans, la situation n’a jamais été aussi critique en Birmanie, si bien que l’ONU parle désormais de crise économique et d’urgence humanitaire sans précédents dans l’histoire du pays, qui est déjà, depuis des décennies, le plus pauvre d’Asie du Sud Est ! Il est d’ailleurs étonnant que l’ampleur de cette catastrophe humanitaire, qui affecte majoritairement des femmes, vieillards et enfants, ne soit que très peu relayée en occident, alors qu’elle perdure depuis bientôt 4 ans avec le putsch militaire de février 2021. Toujours selon l’agence onusienne, la Birmanie est considérée comme le pays au monde le plus dangereux pour les médecins et par conséquent les humanitaires qui travaillent souvent de concert (voir lien 4). Pour précision, l’activité de PASDB n’est quasiment pas concernée par ce risque. Il serait beaucoup trop long dans cette newsletter de vous résumer le contenu des nombreux rapports de l’ONU décrivant cette crise de plus en plus profonde, qui affecte un peuple auquel je suis très attaché depuis plus de 15 ans. C’est pourquoi je vous ai mis en fin de courrier quatre liens (1, 2, 3 et 4) qui y font référence, dans lesquels est évoqué, par exemple, le chiffre considérable de plus de 3,5 millions de personnes déplacées à la date de janvier 2025, dont presque 40 % d’enfants ! Le lien 1 est un article de Le Globe France datant de juin 2021, où le rapporteur spécial de l’ONU fait part de sa crainte de morts en masse en Birmanie, à cause de la famine et des maladies. Quand on sait que depuis la parution de cet article, la situation a fortement empiré ! Le lien 2, datant de décembre 2023, relate également un rapport de l’ONU alertant sur le fait qu’un tiers de la population Birmane (soit environ 19 millions de personnes dont plusieurs millions d’enfants), a besoin d’aide humanitaire. Ce chiffre effarant parle de lui-même. Le lien 3 est le dernier rapport de l’ONU de janvier 2025, qui explique pourquoi la situation de ces millions de birmans va encore se détériorer dans les mois à venir, avec, une fois de plus, les enfants qui vont être les plus impactés. En effet, selon ce rapport, 6 millions vont avoir un besoin urgent d’aide humanitaire !!! Le lien 4, datant de février 2023 explique à quel point travailler dans le secteur médical est devenu particulièrement dangereux ou compliqué (des humanitaires peuvent être concernés), la junte ciblant spécialement toutes les personnes ayant une activité dans ce secteur, en les éliminant physiquement (assassinats et prison) ou en faisant voter des lois toujours plus restrictives (touchant surtout les ONG). Situation politique La situation politique s’apparente à un chaos total, empreint d’extrêmes violences à tous les niveaux, où la haine répond malheureusement à la haine de chaque côté des belligérants. Tout comme je l’ai fait pour ce qui concerne l’aspect humanitaire, je vais, afin que vous ayez une idée assez précise sur cette situation politique et sur la terrible guerre civile qui fait rage en Birmanie, joindre des liens en fin de courrier. Je vous ai déjà décrit, dans de précédentes newsletters, la lutte acharnée que mènent conjointement contre la dictature de nombreuses guérillas (dont certaines existent depuis des dizaines d’années), les forces de défense du peuple (PDF), et le mouvement de désobéissance civile, lutte contre laquelle l’armée, en difficulté, répond par une répression de plus en plus féroce. Le lien 5, datant d’août 2024 et rapporté par des enquêteurs de l’ONU, fait état d’une intensification des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par l’armée birmane contre son peuple. Cette attitude fait suite à une longue série de défaites subies par les militaires birmans depuis environ 1 an. Le lien 6 décrit la lutte d’une des 135 minorités ethniques de Birmanie, les Chin (chrétiens), qui contrôlent désormais 80 % de leur territoire du même nom, au Nord Ouest du pays à la frontière indienne. C’est précisément parce que l’armée subit ce type de revers dans tout le pays, avec un taux de redditions et de désertions importantes en son sein, qu’elle s’est lancée dans une répression totale, ne distinguant plus les civils (femmes, vieillards et enfants) des combattants.
L’association PASDB engagée plus que jamais Face à cette crise humanitaire sans précédent et à une guerre civile des plus féroces (dont vous comprendrez vraiment l’intensité en parcourant les liens ci-dessous), nous sommes particulièrement déterminés à continuer de nous impliquer pour les dizaines de milliers de personnes fragiles qui bénéficient déjà de notre soutien depuis de nombreuses années. Cette détermination à poursuivre notre action humanitaire malgré les difficultés liées au contexte géopolitique affectant la Birmanie, n’a d’égal que le sentiment que ce que nous y faisons est juste et bénéfique. Vous pouvez retrouver les détails de tous nos projets sociaux sur notre site web : www.associationpasdb.org Mais sans vous, cette action ne serait pas possible, tout simplement ! C’est pourquoi, je tiens ici, une fois de plus, à vous remercier du fond du coeur pour votre fidèle soutien, que vous soyez présents à nos côtés depuis les débuts de cette formidable aventure humaine qu’est PASDB, ou que vous nous ayez rejoins en cours de route.
Thierry Cuberos Fondateur et chargé de communication de PASDB.